Cyril Zarcone obtient son DNAP à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (2011) en agrémentant son cursus de nombreux échanges, notamment à l’Akademie der Bildenden Künst à Munich, mais aussi à Bruxelles. Il poursuivra ensuite son cursus à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et obtient son DNSEP en 2013. Au cours de cette dernière formation, il écrit « LE BRICOLAGE SUPÉRIEUR », mémoire dans lequel il questionne et explore les différences entre le bricoleur et le sculpteur. On y retrouve des parties très à propos intitulées : « L’art du bricolage selon Lévi-Strauss », « D.I.Y. et tâtonnement » ou « Les bricoleurs (mon voisin et moi) », qui constituent aujourd’hui des principes fondamentaux de sa pratique. Ces recherches marquent le début d’un processus prolifique pour l’artiste qu’il est aujourd’hui.
J’ai très a coeur le travail de Cyril Zarcone depuis plusieures année maintenant et il n’a, depuis, cessé de s’aguerrir et d’approfondir les axes de recherches tout en affinant son travail de la forme.
Constructeur de Sculptures, « Bricoleur supérieur » autoproclamé, Cyril Zarcone aime lorsque que notre regard s’attarde sur les détails de ses constructions et les techniques utilisées pour la création de ses sculptures. Souvent, il laisse apparentes les traces des procédés mis en oeuvre pour réaliser ses pièces et donne ainsi aux étapes de construction autant d’importance que leur résultat final. Ce « Bricolage Supérieur », comme il l’entend, c’est l’utilisation d’outils et de techniques propres aux techniciens et aux ouvriers (éléments de coffrages, de protection ou de soutènement) dont il s’inspire pour créer ses volumes. Sans avoir leur formation et avec ses connaissances propres il s’inspire de ces instruments de BTP et des sites de construction puis les reproduits. Il dira lui-même : « Le bricolage ce n’est pas de la bidouille mais plutôt un moyen de faire au mieux avec ce que l’on a. »
Il crée ainsi ses oeuvres en partant des outils-ojets qui seront mis au rebut une fois utilisés. Cependant, lorsqu’il le reconstruit à ce qui semble être l’identique, il dépossède l’objet reproduit, de son utilité première. Cette fonction ne subsistera, elle, que dans l’essence de l’item refaçonné. Il redonne ainsi au volume, la beauté de sa forme première et la débarrasse de ses considérations utilitaires. Il y a tout autours de ce processus une création par le dépouillement de la fonction pour revenir à l’état originel supposé des choses. Comme un retour en arrière, qui en plus de nous laisser accéder à la forme première, nous permet presque un aperçu du cheminement mental de son créateur initial et des besoins qui l’a poussé a construire un tel objet .
Dans d’autres cas, lorsque Cyril Zarcone ne reprend que la forme et que la reconstruction passe par d’autres matériaux (le papier, le plâtre ou encore le polystyrène expansé), il se joue des faux semblants et l’on se laisse surprendre par la fragilité de ses sculptures qui, une fois qu’on les a approchées, ne soutiennent rien, ne portent plus et bien souvent son maintenues par ce qui les entoure. Ces transferts de matériaux poussent un peu plus loin le dépouillement utilitaire de la forme crée par l’artiste et l’annihile complètement. Il nous oblige alors à confronter cette forme dans ce qu’elle a de plus primaire. En 2011, il réalise « Contre-Fiche », une structure d’étaiement de cinq mètres de haut en polystyrène extrudé qui n’étaiera que la nature de sa forme, car en réalité c’est le mur sur lequel cette sculpture est appuyée qui lui sert de soutènement.
En 2012, avec « Protection », il recouvre un mur qui n’en avait aucunement besoin, d’une bâche renforcée, et laisse les traces et débris du montage de cette toile plastique créer d’eux-mêmes des motifs simples rappellant au passage ceux de la fresque.
En 2015, il produit « Ouverture » et utilise un passage préexistant dans l’espace de la Galerie Éric Mouchet et le recouvre de contreplaqué filmé, calé par des tasseaux de bois sans aucunes fixations. Il nous laisse croire volontairement que cette installation soutient l’ouverture alors qu’en réalité c’est l’ouverture qui soutient, toute en tension, son installation.
Ces constructions alors ne sont plus seulement de simples réappropriations d’éléments de chantier, mais bel et bien de véritables sculptures qui nous amènent à questionner non plus seulement la forme de ce qu’elles sont mais aussi sur les preceptes de ce qu’elles mettent en lumière.
Léo Marin
Artistes