La Galerie Eric Mouchet est très heureuse d’accueillir à Paris, sur une proposition de « 1 Mira Madrid », la première exposition personnelle en 16 ans de l’artiste américaine Judith Blum Reddy. Les échanges entre les deux galeries sont réguliers et le fruit d’une longue complicité entre Mira Bernabeu directeur de « 1 Mira Madrid » et Eric Mouchet qui se connaissent depuis 20 ans et ont un goût commun pour un art conceptuel et politique. « 1 Mira Madrid », (Autrefois « Espaivisor » localisée à Valence) avait accueilli des œuvres de Rémi Dal Negro, Bérénice Lefebvre puis Louis-Cyprien Rials en dialogue avec sa propre programmation de l’année 2017. Nous sommes aujourd’hui très heureux de rendre la pareille à Mira Bernabeu dont il faut reconnaître le talent de chercheur et de « découvreur » d’artistes engagés à la pratique exigeante comme notamment Judith Blum Reddy.
Le travail de Judith Blum Reddy est le reflet des liens qu’elle a établis tout au long de sa vie avec les cultures des pays dans lesquels elle a vécu. Au début des années 1970, elle s’installe à Paris, où elle collabore avec d’autres femmes artistes en documentant racisme, sexisme et inégalités entre les classes sociales. Ensemble, elles analysaient la vie quotidienne de la population française et la réalité de la ville au moyen de dessins, photos, vidéos et d’autres moyens narratifs moins conventionnels. Dans une œuvre comme Paris Ville Lumière (1974), réalisée avec l’artiste Nil Yalter, l’histoire du Paris des années 1970 est décrite en vingt panneaux, un pour chaque arrondissement. Le résultat est une couverture visuelle et textuelle de cette période de transformation, au cours de laquelle Paris est passée du statut de ville désuète à l’une des grandes capitales mondiales du XXe siècle. Nil Yalter et Judith Blum Reddy ont réfléchi à l’histoire de la ville en adoptant une perspective engagée, politique et militante, en étudiant le rôle des femmes dans la société, ainsi que leurs combats et leurs lieux d’exclusion. Lorsque Judith Blum Reddy revient aux États-Unis dans les années 1980, elle participe à une exposition intitulée « Qui est-elle ? » dans laquelle elle raconte son expérience d’artiste nord-américaine en Inde – un pays auquel elle était fortement liée grâce à son partenaire l’artiste Krishna Reddy – en l’opposant à l’expérience d’artistes autochtones, souvent exclu-e-s des musées internationaux et des expositions et biennales. À New York, Judith Blum Reddy a passé deux décennies à travailler aux archives Camille Billops et James V. Hatch sur la culture afro-américaine de Manhattan.
L’œuvre de Judith Blum Reddy est ancrée dans son obsession pour les cartes et les listes. L’absurde et l’autocritique sont des composantes essentielles de son travail et se mêlent à ses préoccupations pour l’avenir de l’humanité, structurées par la numération et l’organisation. Depuis les années 1970, l’idée de classement revient dans sa pratique et donne lieu à de nombreuses œuvres, dans lesquelles sa minutie contraste avec l’ampleur que certaines de ses installations peuvent atteindre. Les œuvres de Judith Blum Reddy, réalisées sur diverses surfaces, sont constituées de détails, dont certains sont tirés de la vie réelle et d’autres de sa propre imagination. Par le processus de répétition, elle lutte contre le désordre contemporain. Des influences indiennes et françaises se retrouvent bien sûr dans son travail.
Les caractéristiques formelles et conceptuelles éclectiques des œuvres de Judith Blum Reddy font qu’il est difficile de les associer à un mouvement artistique spécifique. Certaines abordent avec ironie les absurdités de la vie contemporaine tandis que d’autres remettent en question la discrimination entre les nations, les origines, les classes sociales et les sexes. Même si chaque œuvre existe individuellement, toutes partent de son expérience personnelle et finissent donc par être liées les unes aux autres. Avec son travail, elle donne de la visibilité à la fragilité des institutions démocratiques, à l’inefficacité du système bureaucratique des sociétés d’aujourd’hui et à son incapacité à réellement combattre des problèmes tels que la pauvreté et l’inégalité entre hommes et femmes.
Le travail de Judy Blum Reddy a été exposé au MoMA P.S.1 (New York), au Bronx Museum of Arts (New York) et au Contemporary Art Museum de Los Angeles entre autres, et est présent dans leurs collections ainsi que dans celles du Fond National d’Art Contemporain (FNAC), du Cleveland Museum of Art et dans diverses collections privées. Récemment, son travail a été exposé au Irish Museum of Modern Art (Dublin), à la Villa Vassilieff (Paris), à la Biennale d’art contemporain africain en 2016, à la FIAC Paris en 2016, à la Biennale de Gwangju en 2016, au Stedelijk Museum Bureau (Amsterdam), au Station Independent Project (New York) et à Art Dubai en 2015. Elle été commissaire de diverses expositions à New York, et son travail a été évoqué et décrit dans des magazines prestigieux tels qu’Art Forum, Frieze, The New York Times, Blouin Artinfo, Le Monde, Hindustan Times, NY Arts et Bronx Press Review, et elle a reçu la bourse NYSCA CAPS pour le dessin et le graphisme.
Cette exposition est rendue possible grâce à 1 Mira Madrid
A partir du 26 janvier 2024, cette exposition sera également visible dans notre espace bruxellois.
PLUS D’INFORMATIONS :
// Dossier de presse
// Judith Blum Reddy
// Everything is not ok, Mira Madrid (02/06—27/07/2023)
Expositions