En invoquant différents mythes, interactions codifiées et pratiques sociales, le cheminement de l’exposition rapproche des artistes aux interventions nourries de références symboliques.
Il faut voir va-et-vient comme un flux, un balancement continu, entre des installations et des situations qui suscitent tout à tour un sentiment d’admiration ou d’emprise sur celui qui les perçoit. Le rituel, dans ce qu’il a de plus répétitif, séquencé et régulier, opère ainsi un lien affirmé et sensible entre les différentes œuvres proposées. L’espace de la galerie, dans sa conception et son agencement, devient un passage où l’artiste se métamorphose en médiateur légitime, sans pour autant servir quelconque croyance ni but particulier, si ce n’est celui de penser un rapport aux objets et aux gestes qui règlent nos vies. On peut y voir une célébration de la création dans ce qu’elle a de plus primitive, instinctive, par une approche quasi-transcendantale : telle une magie sociale, le geste artistique permet au commun et au banal de devenir sacré. L’utilisation de matériaux parfois simples, bruts ou organiques accentue le caractère vernaculaire de l’ensemble, qui est cependant contrebalancé par des réalisations soignées ou manufacturées.
Visible uniquement depuis la rue, l’installation in-situ de Justine Bougerol transforme l’espace de la galerie et suscite l’attention. Dans une mise en scène symbolique et sacralisée, la structure même de l’intervention restreint la surface intérieure et délimite un chemin, semblable à un vestibule de temple. En écho, les sculptures minimales de Cyril Aboucaya reprennent de façon ambigüe l’esthétique de certains reliquaires tout en évoquant le fret et les caisses de transport. En fonction de notre déplacement dans l’espace, celles-ci deviennent réfléchissantes, comme auto-éclairées par une étrange force intrinsèque.
Repérées dans la nature pour leurs caractères équivoque entre formes humaines et minérales, les pierres collectées par Vincent Voillat sont à l’origine d’une création intuitive, presque animiste. En travaillant avec un coiffeur coloriste, l’association de chevelures prolonge le caractère anthropomorphique des différentes roches.
C’est par une autre collaboration, avec une professionnelle du nail art, que Mélanie Villemot propose un voyage contemplatif avec la métamorphose d’un ongle. La composition musicale, exagérément relaxante, accentue l’initiation en reprenant les codes de vidéos “zen” disponibles sur le web. En utilisant l’archétype du tipi et pour clore la déambulation, Flavie L.T opère une mise en tension ludique entre attributs masculins et féminins, force guerrière et constructive. La combinaison de différents matériaux et objets crée ainsi une composition cohérente où chaque élément se confronte et se répond dans un terrain de jeu métaphysique. Garder la mémoire des formes, des gestes : les choses se répètent et se déplacent.
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