Oliver Westerbarkey crée de véritables images virtuelles de la nature, qui placent le spectateur dans un champ de tensions inattendu, d‘hésitation entre l’observation d’un paysage hyperréaliste et le contact direct avec la réalité de la nature elle-même. Oliver Westerbarkey reconstruit une nature imaginaire ; cependant, son travail ne repose pas sur des animations numériques, mais simplement sur l’assemblage de brindilles, de cailloux et d’autres matériaux naturels méticuleusement agencés selon un processus sophistiqué.
Alors que l’acception contemporaine associe généralement les mondes virtuels à la reproduction numérique d’expériences physiques dans un espace interactif, les œuvres d’Oliver Westerbarkey nous rappellent avec subtilité que l’expérience numérique ne serait, elle aussi qu’une variante du plaisir humain fondamental que procure la réalisation d’expériences imaginaires.
En s’approchant progressivement de ses dioramas géants, le spectateur expérimente une sensation visuelle évolutive à tiroirs. De loin, les œuvres d’Oliver Westerbarkey donnent l’impression de troublantes photographies de paysage, mais à mesure que l’on s’en rapproche, l’œuvre devient texturée et se révèle être un collage complexe d’herbes, de mottes de terre et de branches savamment disposées. La fascination et l’attrait que procurent ces œuvres proviennent de cette double sensation transitoire qu’elles suscitent, de ces moments de basculement ou d’illusions, saisissants pour l’observateur.
When The World Hits Your Eye – tel est le titre de l’exposition – fait référence à une chanson de Dean Martin, dont le, refrain se termine par …that’s amore.
Oliver Westerbarkey agace à dessein l’œil du spectateur, non pas dans le but de le choquer, mais plutôt pour offrir une opportunité d’intensité et de contact accrus. À l’âge de l’anthropocène, l’idée selon laquelle le monde pourrait vivre bien, voire mieux, sans la présence humaine, semble largement répandue. Mais Oliver Westerbarkey renforce par son oeuvre l’ancienne idée philosophique selon laquelle c’est l’humain qui fait exister le monde par son regard et sa conscience. Et inversement, que l’existence du monde assure l’humain de sa propre présence.
C’est à de telles sensations et réflexions que nous sommes confrontés en tant que spectateurs lorsque nous nous trouvons devant les paysages déserts d’Oliver Westerbarkey. En parcourant l’espace d’exposition, nous imaginons un feu de camp devant The Hut, nous remontons virtuellement une allée (Auffahrt) et nous dirigeons vers un parterre (Beet) de fleurs. Il y a là une simultanéité du vide et de l’animé, de l’ici et du là-bas. De ces dioramas émane la sensation d’une fusion entre une illusion sophistiquée et une envie ludique de construire – une cabane dans la forêt, un camp dans le parc, un piège dans le terrain. Ces scènes n’existent pas sous la forme dans laquelle elles semblent exister, mais c’est justement ainsi qu’elles font naître chez le spectateur un aller-retour entre différents niveaux d’imagination, qui justifie le titre de l’exposition : when the world hits your eye…, that’s amore… « Quand le monde nous saute aux yeux…, c’est l’amour !»
Claudia Pescatore
Oliver Westerbarkey (né en 1969 à Constance, Allemagne) a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Munich après une formation de tailleur de pierre. Il vit et travaille actuellement à Munich et a eu de nombreuses expositions en Allemagne. Récemment son travail a été présenté au Maximilliansforum (Munich, 2022), au Kunstverein Rosenheim (2022), au Kunstverein Ebersberg (2021), l’Alte Akademie (Munich, 2019), à la Haus der Kunst (Munich, 2017) et à la Rathausgalerie (Munich, 2016).
PLUS D’INFORMATIONS :
// Dossier de presse
// Oliver Westerbarkey
// When The World Hits Your Eye (26/01-13/04/2024 | Bruxelles)
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