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ART PARIS 2019

Pour son solo show « Se mettre dans la peau de l’autre » sur le stand de la Galerie Eric Mouchet à ArtParis 2019, l’artiste Isabelle Plat présente une suite d’œuvres inédites spécialement réalisées pour cette occasion en 2018 et au début 2019.
 
Dans le prolongement de ses recherches sur la « Sculpture d’usage » (cf. Artpress n° 434, Juin 2016, pp. 55-61), sur les « Objets d’appartenance » et sur l’idée que les enveloppes corporelles, peaux naturelles ou non, sont perméables et constituent autant de surfaces d’échange, l’artiste associe dans cette exposition représentations d’organes humains aux textures inattendues et vêtements usagés à investir pour se les approprier.
 
A la première catégorie appartiennent les représentations d’un double appareil génital réversible, masculin et féminin, en kératine humaine et animale, et une sculpture de poumons brillants et translucides alors que la seconde est représentée par un choix de vestes et de pantalons qui ont appartenu à des amis de l’artiste et qu’elle a solidifiés selon leurs corpulences. Les visiteurs sont invités à s’y glisser et les habiter afin de réellement « se mettre dans la peau de l’autre. »
 
Né d’un rêve de l’artiste, l’appareil génital masculin et féminin réversible est une sculpture monumentale qu’Isabelle Plat a construite petit à petit et en adaptant empiriquement sa technique de travail aux réactions des matériaux mis en œuvre conjointement : des cheveux d’humains, du poil de mouton et des déjections de vers à soie entremêlés. Cette sculpture est une peau sans squelette, qui n’a ni intérieur ni extérieur, qu’on ne peut jamais embrasser totalement du regard et dans laquelle il suffit d’enfourner le bras pour la retourner.
 
Comme on le voit, textures et matériaux ont un sens primordial pour Isabelle Plat. D’une de ses œuvres à l’autre ils obéissent à des paramètres très variés. La paire de poumons est ainsi une œuvre translucide et luisante qui évoque en apparence le bon air et la bonne respiration… jusqu’à ce que son usage de cendrier géant se fasse jour, et que le spectateur détourne son regard de la sculpture pour le porter sur lui-même au travers de ses propres poumons.
 
Cette expérience de familiarité et d’étrangeté qu’offre la sculpture d’usage est consubstantielle de l’élaboration de matières issues d’« objets d’appartenance » comme des cheveux humains ou des vêtements portés par des personnes définies.
Tout le travail de l’artiste humaniste, tant écologiste que féministe, porte sur cette seconde enveloppe que sont aussi bien le vêtement que la pilosité, et qui constitue une curieuse seconde peau. Une seconde enveloppe plus fluide que la peau.
 
Pour ses sculptures en vêtement, l’artiste « redonne le corps » du donateur aux habits en se battant avec les matières contre la pesanteur, en recherchant la bonne tombée de chaque tissu pour qu’il garde la forme de son ancien occupant et traduise le souffle de sa vie. « Et je façonne ce vêtement de manière à proposer au visiteur d’y prendre place pour ainsi se mettre dans la peau de l’autre », exigence empathique tous azimuts pour la survie de l’humanité au début du XXIe siècle.