Ella Bergmann-Michel et Robert Michel, Le progrès à bras le corps est la première exposition consacrée en France à ces deux artistes allemands avant-gardistes, nés respectivement en 1895 et 1897 et mariés à Weimar en 1919.
Des artistes rarement montrés depuis des décennies…
Jusque-là, seule Ella Bergmann-Michel avait fait l’objet, en France, de deux expositions personnelles (mais posthumes) : à la galerie Zabriskie (Paris) en 1981 et 1984. De leur vivant, en 1964, les deux artistes avaient prêté chacun deux œuvres pour l’exposition Cinquante ans de « collage » au Musée d’Art et d’Industrie de Saint Etienne. Le design publicitaire de Robert avait été mentionné dans l’exposition Paris – Berlin au Centre Pompidou en 1978 et quelques photographies et films d’Ella ont pu être occasionnellement montrés…
Mais il semblerait qu’aucun dessin de l’un ou l’autre artiste ne figure encore aujourd’hui dans une collection publique française.Notre exposition réhabilite ces deux artistes historiques et constitue une extension méritée à l’exposition Couples Modernes du Centre Pompidou Metz, dans laquelle ils ne figurent toujours pas.
Leurs œuvres figurent pourtant dans plusieurs grandes collections et musées allemands ainsi que dans des musées anglais, portugais et au Los Angeles County Museum of Art, à l’Art Institute de Chicago, au Museum of Modern Art de New York, dans la collection de la Société Anonyme Inc. constituée par Katherine S Dreier et Marcel Duchamp et conservée à l’université de Yale depuis 1941…
…Mais enfin mis en évidence dans leur propre pays
La rétrospective de près de 200 œuvres – dont sept prêtées par la galerie Eric Mouchet et une par la galerie Zlotowski – que leur a consacrée le Sprengel Museum de Hanovre (du 26 mai au 2 septembre 2018) a rappelé la place primordiale que les deux artistes ont tenue au cœur de la sphère abstracto-socialo-futuriste allemande dès le début des années 1920.
Leur importance résida autant dans la modernité et l’impériosité de leurs propres créations, que dans le rôle de rassembleurs des avant-gardes européennes – Kurt Schwitters, László Moholy-Nagy, Willi Baumeister, El Lissitzky, Johannes Molzahn, Mart Stam et Ilse Bing pour ne citer que leurs amis les plus proches – qu’ils jouèrent dans la région de Francfort.
Des héros romanesques et transgressifs en diable
Robert Michel est originaire de cette région et se passionne très jeune pour l’aéronautique. Pilote d’essai, il subit un grave accident d’avion en 1916 qui le conduit dans une clinique de convalescence à Weimar. Lorsqu’il en sort, il s’inscrit à l’Ecole Grand-ducale des Beaux-Arts de Saxe, où il fait la connaissance d’Ella Bergmann. Ella est la fille d’un pharmacien de Paderborn. Elle est venue à Weimar dans le but d’y étudier la musique, mais l’Ecole Grand-ducale est une des deux seules écoles d’art plastique de l’Empire qui soit ouverte aux jeunes filles à l’époque et Ella s’y engouffre.
Ella et Robert créent avec Johannes Molzahn la section Dada de Weimar. Ils dessinent des créatures mécano-morphes, futuristes et inquiétantes puis passent très vite à l’abstraction. Dès son ouverture, ils s’inscrivent au Bauhaus dans l’atelier de Johannes Itten qu’ils considèrent rapidement trop doctrinaire, et quittent l’école rapidement
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