Après une première exposition personnelle en 2016 et un stand à ArtParis en avril 2019, dont elle a fait un antre baroque hirsute d’acier et de cheveux humains, Isabelle Plat présentera sa nouvelle exposition solo, « Je t’ai dans Sa peau » du 14 mars au 27 juin 2020 à la Galerie Eric Mouchet.
Les œuvres récentes d’Isabelle Plat soufflent un vent nouveau sur la sculpture du XXIe siècle. Son approche, a priori pratique, relève à la fois de la science (épistémologie), du savoir-faire (artisanat et post medium) et d’une écologie (relations féminin/masculin/animal).
De ses premières sculptures qui déjà incluaient la torsion et le corps déstabilisé du spectateur, au Bœuf écorché de 2020, une pensée de la surface s’est construite qui ne se limite plus à la superficie en deux dimensions ou simplement à la face extérieure d’un corps. Le travail de sculptrice d’Isabelle Plat considère toute l’étendue de contact des matières comme une membrane.
D’emblée le « comment c’est fait » s’impose !
Retournés comme un gant, le pantalon, le manteau, la chemise et même l’appareil génital féminin/masculin (Intimité réversible), de contenants, deviennent contenus. Leur matière additionnée de l’intérieur d’un maillage souple de cheveu, de crin de bœuf et de résine, pétris avec des solvants, de l’apprêt et de l’enduit, mêlés de tissu cousu troué recousu et même peint, fait tenir tout l’ensemble.
Masculin / Féminin
Un manteau d’homme Burberry (Darcey vous offre son Burberry) renvoie à un statut social ; son doublage avec une chemise de nuit pour dame bon marché à petites fleurs détonne. L’intrusion du trivial dans l’élégant relève certes de la lutte des classes mais pointe surtout une rupture des codes, une transgression de la ligne de partage : celle qui sépare les sexes, les genres artistiques, l’intime et l’extime… Les costumes d’hommes sont littéralement fourrés par des habits de femmes. Simplement, de l’intérieur, avec une discrétion acérée, Isabelle Plat profane les conventions.
Baroque dé-peaucé
Deux grandes caractéristiques du baroque sont synthétisées dans les sculptures d’Isabelle Plat : recherche du mouvement, et proximité du vernaculaire dans l’expression du sublime ; tel intérieur rouge sanguinolent donne au grand manteau noir en laine (Derviche Tourneur) un aspect de peau fraîchement écorchée dont les gouttes de résine écarlate semblent s’élever plutôt que dégouliner. De la peinture en extase ? On pense aux fils rouges de la Dentelière de Vermeer qui symbolisent le sang des menstrues et dont toute ouvrière marquait son ouvrage blanc le jour de son passage à l’âge de femme.
Usage baroque de dispositifs qui mettent le spectateur de plain-pied avec l’œuvre : c’est un peu du baldaquin de St Pierre de Rome qu’on trouve dans le large ruban de satin rose qui enserre les pattes du Bœuf écorché suspendu à des crochets de métal !
PLUS D’INFORMATIONS :
// Isabelle Plat
// Dossier de presse
// Je t’ai dans Sa peau (14/03-27/06/2020 | Paris)
Expositions