Louis-Cyprien Rials est un artiste pour dont les vidéos l’ont depuis quelques années propulsé sur le devant de la scène, pour leur caractère à la fois elliptique et suggestif. Suggestif pris au premier degré, dans son acception noble et dénuée de sensationnalisme : ses films qui tous parlent de violence sont à l’antithèse de l’exhibitionnisme. Ils suggèrent plus qu’ils n’expliquent et même ne montrent. Ils sont des invitations à découvrir, à apprendre. Ils sont simplement des invitations à l’intelligence.
L’artiste filme imperceptiblement l’inimaginable ; sous couvert de paysages apparemment paisibles ; des paysages simplement désolés, des zones urbaines banales et des édifices détournés de leur usage ou de leur histoire. Et il instille dans ses vidéos un rythme et/ ou un son qui rendent l’imperceptible sinon d’emblée insoutenable, tout au moins dérangeant. Et si l’on gratte le dérangeant, si l’on s’interroge sur la motivation du créateur à filmer des scènes aussi banales, alors l’insoutenable est à portée de main.
Louis-Cyprien Rials s’est fait une spécialité des paysages que les cartes géographiques ne montrent pas, filmés dans des pays qu’elles ne nomment pas ; car ces lieux, ces pays dont l’existence est souvent niée par la communauté internationale, ont été l’objet de telles exactions ou de telles concupiscences qu’il n’en reste aujourd’hui que ruine, cendre et désolation… Par le filtre du paysage, ce sont des errances humaines, naturellement, que l’artiste évoque. Cependant, Louis-Cyprien Rials n’est pas un reporter car s’il est toujours en quête de preuves, il ne donne pas la parole aux témoins, ni n’analyse pour nous les désastres qu’il constate ; il nous invite à en découvrir les tenants et aboutissants au-delà de ses films. Le choix du paysage comme cadre essentiel de son œuvre peut sembler anachronique, mais doit être au contraire compris comme un besoin de l’artiste d’inscrire le véhicule de son récit dans une tradition artistique immémoriale.
Extrait du texte de Aurélie Faure et Eric Mouchet
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