Pour son exposition de rentrée 2023, la Galerie Eric Mouchet a le plaisir d’inviter l’artiste Gwendoline Perrigueux à investir son espace parisien. Dans le prolongement de sa dernière exposition « Velvet Lashes » en 2019, l’artiste nous invite à découvrir une exposition intime et envoûtante une sorte de plaisirothèque d’oeuvres à regarder mais également à toucher.
Le canapé est en cuir. Style années 60, capitonné et couleur rose poudrée. Il a son importance, véritable pièce maîtresse du salon de Gwendoline Perrigueux, qui est aussi son atelier. Devant les larges fenêtres, des voilages mauves et saumon. Et pas loin, un fauteuil en plastique rose fuchsia, à l’esthétique plutôt discutable. Ce pourrait être le boudoir d’une courtisane des temps modernes, un safe place où règne une lascivité joyeuse bien que pudique. Dans son panier en fausse fourrure, Rosie le chihuahua mâchouille une liane noire en PVC. Elle provient d’une sculpture accrochée au mur, un réseau de tentacules en osier et cuivre rassemblés par des nœuds de néoprène. Sa forme organique semble nous attirer vers elle avec douceur comme pour mieux nous recharger de son énergie mystique. Cette œuvre, comme la quantité d’autres pièces qui se déploient dans le salon de l’artiste, se révèle aux yeux de tous.tes dans l’exposition personnelle de Gwendoline Perrigueux intitulée « Fluffy Wink » et présentée à la Galerie Eric Mouchet.
Les œuvres qui composent l’exposition sont chargées d’une histoire intime et imprégnées d’une vie antérieure, passée dans le salon / atelier de l’artiste, au-dessus du canapé, parmi les plumes, le « fluff » et les « wizzz ». Sont ainsi présentées Douceur trempée dans la baignoire et Danse sur canapé rose, dont les titres évoquent cette autre spatiotemporalité. Les frontières, Gwendoline les balaie du revers de la main. L’amour, l’atelier, la vie, Ovidie – qu’elle lit en imaginant des sculptures – et Monique Wittig s’entremêlent dans le travail de l’artiste qui s’offre tout entière dans cette exposition, avec l’espièglerie et la sensualité qui la caractérisent. Une sensualité qui émane de ses sculptures pour composer une sorte de plaisirothèque, un lieu d’interactions érotiques entre êtres humains et même au-delà.
Ses œuvres transpirantes d’un plaisir extra-corporel comme Double Elle ou Suivantseslangues, résonnent avec la position philosophique de « Ontologie Orientée Objet » selon laquelle les objets ont une existence indépendante de la perception humaine. Ce mouvement fondé par Graham Harman à la fin des années 90, remet en question le privilège de l’existence humaine au détriment des objets non humains. Comme dans un prolongement de cette pensée, les œuvres de l’artiste sont porteuses de ses propres fantasmes, mais révèlent aussi un hédonisme qui leur est propre. L’association de leurs formes organiques à des matériaux souples entraîne une dérive vers une narration polissonne qui n’est pas sans rappeler les théories de Sigmund Freud sur la relation entre création artistique et pulsions sexuelles. Ces pulsions qui viennent titiller nos sens, brûler le bout de nos doigts tandis que les œuvres nous intiment silencieusement de les palper, de les manipuler pour en saisir toutes les nuances.
Dans un clignement d’œil, Gwendoline Perrigueux s’adonne à un savant jeu de perception. L’artiste choisit les matériaux pour leurs similitudes et les assemble pour ce qu’ils ne sont pas dans un flux continu de transformations incessantes. Ce glissement du sens à l’œuvre dans son travail se caractérise également par le statut qu’elle attribue à ses objets. Timides et suspendus à leurs complices, des objets de curiosité en métal doré viennent ponctuer l’exposition à la manière d’une virgule grivoise. Il s’agit de sculptures-à-porter, un bracelet à plumes, un apparat pour téton que l’artiste revêt en s’offrant aux regards lors d’un effeuillage sculptural où les œuvres naviguent entre plusieurs existences possibles. Enveloppant son bras dans une étreinte froide, un brassard en métal et néoprène vient compléter l’armure que l’artiste retire pour dévoiler son propre corps. Car finalement, tout est une question de relation – à soi, à l’autre. Lever le voile, se donner à voir, à toucher. Offrir son intimité, dans un mélange de générosité et de pudeur. Et puis enfin, s’abandonner à l’expérience fortuite, se laisser transporter dans l’univers hybride de Gwendoline Perrigueux où des formes conceptuelles se mêlent aux désirs charnels.
Lena Peyrard
PLUS D’INFORMATIONS :
// Communiqué de presse
// Gwendoline Perrigueux
// Fluffy Wink (28/01-04/03/2023)
Expositions