Sur une proposition de Andy Rankin
La constellation de Monsieur S n’est ni une exposition sur les fantômes, ni une exposition sur la mort. Elle s’organise plutôt comme un kaléidoscope de présences ineffables. Elle explore ce qui, dans notre époque, continue d’agir sans être pleinement nommé ou accepté. Il peut s’agir de la beauté fragile des ruines, d’un attachement nostalgique à des architectures imaginaires, ou encore de l’infinité du cosmos, cette terra incognita contemporaine vers laquelle tant de croyances projettent leurs esprits désincarnés. Mais il est aussi question des fantômes numériques, ces avatars sans corps mais non sans pouvoir, qui hantent les réseaux et les discours, parfois avec perfidie. Ou encore de ces morts silenciées, causées par les logiques du capitalisme tardif, et effacées par lui. La dernière salle, enfin, est consacrée aux rituels et au soin des corps, qu’ils soient morts, vivants voire les deux à la fois, comme autant de corps étrangers qui ne peuvent être expliqués malgré tous les efforts concertés par les sciences.
La constellation de Monsieur S est une polyphonie de voix silencieuses, un carambolage d’absences passées, une sédimentation de signes discrets. Cette exposition est autant de possibilités pour Monsieur S d’exister, de se manifester, ou d’être vu, à condition de bien vouloir le chercher. Ariane, la médium, était formelle : Monsieur S n’est pas hostile. Il en devient alors tout ce qui résiste à l’explication, tout ce que le regard évite, tout ce que la pensée contemporaine relègue aux marges. À l’heure où l’incertitude structure le zeitgeist, où l’angoisse du flou coexiste avec l’obsession de la preuve, Monsieur S rappelle qu’il restera toujours des zones d’opacité qu’aucun savoir ne vient combler.
Il n’est pas nécessaire de croire aux fantômes pour reconnaître la force de tout ce qui échappe à l’esprit. Il suffit d’admettre que certaines présences agissent, dérèglent, troublent. L’exposition ne cherche ni à démontrer ni à convaincre : elle ouvre un espace pour ceux qui acceptent de douter, de chercher sans trouver. Peut-être est-ce là, dans cette attention flottante, dans cet inconfort fertile, que Monsieur S trouvera enfin un peu de distraction: en observant celles et ceux qui, face à lui, acceptent de ne plus tout maîtriser.
Andy Rankin
Avec les œuvres de :
Louise Assouly
Ella Bergmann-Michel
Louise Belin
Nelson Bourrec Carter
Juana Bustamante
Jeanne Champenois-Masset
Aliki Christoforou
Roxane Daguet
Kenny Dunkan
Romeo Gómez López
Angeline Guzman
Sarah Juin
Luca Nuvolone
Nelson Pernisco
Prune Perris
Giovanni Battista Piranesi
Florian Pugnaire
Louis-Cyprien Rials
Vivien Roubaud
Lola Roy-Cassayre
Justine Salamin
Dunya Savilova
Kevin-Ademola Sangosanya
tanz
Pierre Touré Cuq
Maxime Vignaud
Joseph Winckler
PLUS D’INFORMATIONS :
// Dossier de presse
// La constellation de Monsieur S (03/09-01/11/2025 | Bruxelles
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